Si des efforts considérables ont été faits en matière de sécurité au travail en production, la maintenance reste encore le parent pauvre, que ce soit dans la phase de conception d’un équipement ou l’activité quotidienne. Ce services support est en effet exposé à de multiples dangers avec des travaux qui peuvent aussi impacter la sécurité de l’environnement de travail. Ainsi, la probabilité d’accident avec lésion est deux fois plus forte chez un technicien de maintenance que chez un autre employé, avec des lésions elles aussi deux fois plus graves*.
Maintenance et accidents : statistiques
En 2010, selon Eurostat, 15 à 20% des accidents graves étaient liés à des opérations de maintenance ainsi que 10 à 15% des accidents mortels. 13 ans plus tard, ces chiffres n’ont pas tellement évolué : les statistiques de la CARSAT Alsace Moselle indiquent que la maintenance représente 10% des accidents mortels entre 2017 et 2019 (jusqu’à 32% dans la métallurgie). 73% des personnes sont des salariés de l’entreprise et 56% travaillent dans des structures de 10 à 199 salariés. 60% des victimes ont entre 40 et 59 ans et plus d’un an d’ancienneté. Le risque machine domine très largement avec 45% des accidents, suivi par la chute de hauteur pour 18.6%. Enfin, dans 54%, l’accident a lieu lors d’une opération de dépannage ou réparation. Des chiffres qui donnent à réfléchir…
Les principaux facteurs de risque en maintenance
Selon une étude de l’INRS basée sur les données de la base EPICEA, les principaux facteurs de risques relevés suite à des accidents sont un problème de coordination des différentes opérations ou leur mauvaise planification (planning de maintenance préventive, mise à disposition du matériel et du personnel, documentation…). Cela concerne la maintenance préventive/corrective mais aussi les gros travaux d’aménagements (rétrofit…) ou d’amélioration d’un équipement. Ce dernier type d’activité regroupe d’ailleurs à lui seul plus de 50% de l’accidentologie grave en maintenance. Et si la majeure partie des accidents ont lieu pendant la réalisation des travaux, près d’un tiers d’entre eux ont lieux lors de la préparation ou en phase de fin de chantier.
Maintenance et maladies professionnelles
Outre les accidents mortels dont nous parlions ci-dessus, selon l’agence européenne pour la sécu et santé au travail, le personnel de maintenance est particulièrement exposé à des maladies professionnelles telles que l’asbestose, le cancer, les problèmes de surdité et les TMS.
Conclusion ?
Les formations habilitantes sont indispensables !
Mais les équipes de maintenance (hiérarchie inclue) doivent avoir une perception plus large sur les dangers environnants et l’impact de leur travail sur leurs collègues. Impliquer un service HSE dans la préparation des travaux est indispensable et afin de gérer le quotidien, une sensibilisation, un renforcement des analyses de risques avant travaux et une meilleure évaluation des procédures et moyens de prévention sont à mettre en place.
Je rajouterais à titre personnel (point qui n’est pas dans les articles référencées) que ce service travaille très souvent en coactivité avec la production, les services supports ou des entreprises extérieures. Il a donc un besoin urgent de compétences générales renforcées en sécurité afin d’améliorer sa vision globale et de mieux anticiper les éventuels dangers.