L’été est là et les fortes chaleurs aussi. L’employeur, dans son rôle de prévention de la santé des travailleurs, doit évaluer les risques liés aux températures extrêmes et mettre en place des mesures de prévention adaptées.
Conséquences physiques, organisationnelles, commerciales, comment anticiper et gérer cette période ? Tout savoir sur les nouveautés 2024.
Les conséquences d'un canicule ou d'une forte chaleur
Les fortes chaleurs peuvent avoir des conséquences très importantes en matière de santé au travail : coup de chaleur, malaise, déshydratation, insolation, brûlure parmi les plus communes mais aussi dermite de chaleur (éruption cutanée irritante), œdèmes (aux extrémités des membres inférieurs), crampes, syncope, effets sur la reproduction (ref : do29, INRS-Hygiène et sécurité au travail n°259, juin 2020). Dans tous les cas, la chaleur entraine une baisse de vigilance potentiellement des troubles de la mémoire et rend plus irritable.
Autant de circonstances qui favorisent la survenue d’accidents.
Ces chaleurs extrêmes peuvent aussi avoir un impact sur le planning des opérations et obliger à reporter la date de livraison prévue au contrat.
Rajoutons enfin à cela les risques techniques d’explosion ou d’évaporation de produits chimiques, diminution de l’EMI (énergie minimale d’inflammation), augmentation des concentrations en vapeurs ou poussières, risque accru d’inhalation et d’absorption cutanée. Selon la base Epicéa de l’IRNS les métiers du bâtiment, les conducteurs de machines, les manutentionnaires et les conducteurs de poids lourds sont les métiers/secteurs les plus à risques.
Situations fréquentes : connaître et anticiper
Le Coup de chaleur
Si une insolation n’est pas prise à temps, le coup de chaleur peut survenir ; on entre alors dans le cadre d’une urgence vitale : température du corpds dépassant les 39 °C, agitation, confusion, voire coma. Le coup de chaleur est la conséquence de l’incapacité du corps à réguler sa température. Des EPIs adaptés sont l’un des moyens d’éviter ces situations.
Le risque lié aux Ultra-violets sur les chantiers
Au même titre que les particuliers, les travailleurs en extérieur s’exposent à un risque accru de cancer de la peau de part notamment l’exposition aux rayonnements ultraviolets (UV) émis par le soleil.
Il convient donc d’information et de sensibiliser le personnel concerné sur les dangers du soleil. Ici encore, les EPIs sont des éléments indispensables de la prévention : vêtements de couleur claire permettant d'évacuer la sueur, mailles serrées, lunettes de sécurité filtrantes et teintées…. Attention néanmoins : sur un chantier, le casque reste obligatoire. Il ne peut pas être remplacé par une casquette.
Les risques liés au travail en extérieur et au soleil sont d'ailleurs à l'étude : Les recherches de l’OMS sur les dangers du soleil au travail.
Les moyens de prévention
EPI, pas de répis ! Toujours une bonne solution
On maintient la vigilance. Chaussures de sécurité, t-shirt à manche longue, pantalon de sécurité restent obligatoires. Cependant, les EPIs peuvent être accompagnés d’accessoires
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Lingettes rafraichissantes pour la nuque, les épaules et la tête.
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Calotte rafraichissante pour mettre sous son casque (durée d’action de 5 à 10h par évaporation de l’eau grâce à un textile spécifique) Trempez dans l’eau froide quelques minutes, essorez, secouez : Le tour est joué.
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Gilets rafraichissants : remplissez la veste d’eau et essorez-là poru déclencher une réaction chimique visant à retenir l’eau du gilet pour maintenir le corps à température agréable.
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Bracelet connecté qui surveille la température corporelle. Actuellement en test auprès de 850 salariés du BTP.
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En complément, pour permettre un bon séchage des tenues de travail, il existe des armoires séchantes et désinfectantes pour retrouver des EPIs confortables le lendemain.
Solutions techniques face à la chaleur
Des solutions que l’on pourrait apparenter à des protections collectives contre le soleil peuvent aussi être envisagées :
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Le parapluie sur échafaudage en aluminium se pose sur uen structure périphétique.
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Double avantage : les protège non seulement du soleil mais de toutes les intempéries et permet donc de continuer le travail même en conditions défavorables. Le risque de devoir stopper les travaux est donc nettement réduit.
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L’installation de panneaux solaires sur les roulottes de base vie permet une autonomie électrique pour la climatisation (ou le chauffage en hiver)
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L’installation d’un pare-soleil ou de filtres anti-UV sur les surfaces vitrées limite l’ensoleillement des cabines des engins, climatisés ou non. permet de limiter l’ensoleillement directe de la cabine et l’exposition aux UV.
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Solutions organisationnelles
La première est l’aménagement des horaires de travail.
Mais attention, là aussi, ce changement n’est pas sans conséquence puisque l’on modifie le risque de sommeil et la chronobiologie des travailleurs. Un point à prendre en compte dans l’analyse de risques.
Préparer des travaux en extérieur à l'abri d'une tente à montage rapide.
En complément par exemple ou à la place des changements d'horaire. Ainsi, tous les travaux de préparation peuvent être à fait à l’extérieur des bâtiments, réduisant ainsi l’exposition à d’autres risques (bruit, poussières, produits chimiques, coactivité, manutention, …).
Conclusion, la gestion des fortes chaleurs (ou des grands froids) doit être anticipée plusieurs mois avant le chantier, voire intégrée au coût global pour garantir des équipements appropriés et adapter les installations ("Lorsque la disposition des lieux ne permet pas de mettre en place un local tel que prévu par le code du travail, l'employeur recherche à proximité du chantier un local ou un emplacement offrant des conditions au moins équivalentes" (article R.4534-145 du code du travail)).
Il conviendra aussi de
- Mettre à jour le DU
- Gérer la mise à disposition d’eau
- Sensibiliser les collaborateurs concernés
- Evaluer les moyens de secours (pour rappel : L'employeur doit organiser, dans son entreprise, les soins d'urgence à donner aux salariés accidentés et aux malades.)
- Créer des documents, fiches de synthèse, procédures…
- Si besoin, envisager avec client, EE, ST, CSPS d’aménager ou de moduler les horaires de travail en fonction des conditions climatiques. ⚠️ L'aménagement des horaires peut avoir des conséquences sur le sommeil et alors sur la vigilance du salarié.
Par la suite, durant le chantier, certaines actions seront à prévoir :
- Mesurer la température,
- Vérifier le niveau d’exposition,
- Adapter les dispositifs de protection,
- S’assurer d’une présente suffisante d’eau à température adaptée,
- Contrôler les lieux de repos et leurs conditions (notamment température et localisation),
- Lors d’un chantier de niveau avec coordination par un SPS, ces points devront être abordé lors des CISSCT.
Besoin d'aide pour la prévention des fortes chaleurs et pour vous équiper ?
Le ministère du Travail, la FNTP, l’OPPBTP, la Cnam et l’INRS proposent un « rétroplanning » pour mieux anticiper les différentes étapes à travers 5 sujets :
- l’évaluation des risques liés aux fortes chaleurs,
- les relations avec le donneur d’ordre,
- les installations de chantiers adaptées,
- les EPI et vêtements de travail à prévoir,
- la formation et sensibilisation des travailleurs aux risques liés aux fortes chaleurs.
La CARSAT quant à elle subventionne certains projets des entreprises de moins de 200 salariés.
En complément :
Vérifier ses connaissances avec un quizz spécial prévention des fortes chaleurs
Aborder la prévention des fortes chaleurs lors du quart d’heure sécurité